Plateau-télé en Sorbonne: quatre séries historiques à succès
Horaires : 17h-19h
Lieu : Amphithéâtre Richelieu, La Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris
Institution organisatrice : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, École d’histoire de la Sorbonne.
Intervenants : Geneviève Bührer-Thierry, professeure d’histoire médiévale, Sébastien Le Pajolec, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Sylvie Pittia, professeure d’histoire ancienne, Myriam Tsikounas, professeure en sciences de l’information et de la communication, Aurélien Peter, doctorant en histoire moderne, Brigitte Lion, professeure d’histoire ancienne.
Public : étudiants et grand public
Les séries situant leur action dans le passé se sont multipliées ces dernières années et constituent souvent l’un des principaux contacts du grand public avec notre discipline. La table ronde invitera des historiens à partager leurs réflexions sur ce phénomène.
Au-delà des inévitables critiques portant sur la reconstitution historique factuelle ou sur les anachronismes, il s’agira de s’interroger sur le rapport des artistes et de leurs conseillers à leur objet historique. Quels usages font-ils du passé ? Cherchent-ils à contribuer à la construction d’une culture commune, de références normatives partagées ? L’histoire est-elle pour eux prétexte à parler indirectement de préoccupations présentes ou à traiter de thèmes interdits en évitant la censure ? Certains réalisateurs proches de l’« histoire des historiens » tentent-ils de rectifier un portrait, de rompre avec un cliché ou des croyances erronées ? Comment la fiction utilise-t-elle l’objet historique ? Où les scénaristes, les décorateurs, les costumiers et maquilleurs/perruquiers puisent-ils leurs informations ? Dans les écrits de contemporains de l’événement qu’ils tentent de reconfigurer ? Au musée ? sur les lieux où s’est joué le drame ? Dans les travaux des historiens ? Suivent-ils l’actualité de la recherche ? S’ils se font aider par des historiens, qu’en attendent-ils réellement ? Comment parviennent-ils à donner une « épaisseur » historique aux séries ? Les travaux sur la culture matérielle ou le paysage sonore semblent parfois pris en compte. Mais les fictions doivent combler des vides : il n’est pas facile de reconstituer un paysage urbain antique, les détails de la vie quotidienne, voire les relations interpersonnelles. Les contraintes liées à la production, outre celles liées à l’objet artistique lui-même, sont d’abord d’ordre économique, le produit devant toucher une large audience, d’où le recours à des stars et à des images convenues. Elles sont aussi liées au milieu artistique, l’équipe de réalisation fabriquant un produit en fonction de séries précédentes. Elles prennent en compte le mode de diffusion (les chaînes télévisuelles qui les ont commandées et/ou financées p. ex.). Enfin elles doivent trouver leurs publics, dont la connaissance historique est d’autant plus limitée ou erronée que les producteurs visent des distributions internationales. Comment ces productions sérielles peuvent-elles, à leur tour, être utilisées par les historiens, notamment pas les enseignants ? Elles peuvent inviter à réfléchir sur le rapport à l’histoire du grand public, sur le fonds culturel supposé commun mis en œuvre par les séries, et sur sa construction ; à la façon de construire un éloignement temporel, une altérité, tout en mettant en œuvre des valeurs supposées intemporelles et universelles dans lesquelles le public pourra se retrouver. Le travail des historiens inclut la réflexion sur l’écriture de l’histoire à laquelle, à leur manière, ces séries et feuilletons contribuent.